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Le nouveau Minitel 2.0

3615Google

Il faudra faire un choix. Celui de l'internet libre ou du minitel 2.0

Le fond du sujet est de savoir si ce que vous utilisez tous les jours sur votre accès aDSL est un accès à un internet libre tel qu'il a été conçu, ou est-ce une variété de minitel en couleur qui fait « pouet-pouet ». Vous vous en rendrez compte par la suite, la réponse n'est pas si évidente.

Du vocabulaire

Avant de commencer, voici quelques éléments pour ceux qui aurait du mal avec certaines notions pré-requises pour aborder ce sujet.

Un minitel était composé d'un écran et d'un clavier, qui servait à aller sur le réseau téléphonique pour y afficher des informations fournies par un serveur distant.
On s'en servait en France surtout entre 1982 à fin 90 pour, par exemple, réserver des billets de train mais aussi à des fins plus coquine avec des serveurs spécialisés. Donc la connexion était lente et l'image n'était faite que de texte. Vous ne pouviez vous connecter qu'à un serveur à la fois et vous étiez facturé à la minute.

→ Un logiciel libre est un logiciel dont l'utilisation, l'étude, la modification et la duplication en vue de sa diffusion sont permises, techniquement et légalement. Ceci afin de garantir certaines libertés induites, dont le contrôle du programme par l'utilisateur et la possibilité de partage entre individus (merci Wikipédia).
Ce sont donc des logiciels, dont le code-source qui a servi pour le construire est accessible et modifiable par tous, pour tous. Ce n'est qu'une partie seulement de ce que l'on appelle : Le monde du libre.

Je vous propose maintenant de découvrir en quoi internet est différent du minitel :

Son Histoire

L'internet libre ressemble basiquement aux logiciels libres. Ils apparaissent à peu près aux mêmes dates (vers la fin des années 70') ainsi que leurs essors sont deux courbes qui se ressemblent. Quand on regarde qui les ont construit, on retrouve généralement les même acteurs, ou alors ils se connaissent et se côtoient pour la plupart.
Leurs fonctionnement sont les mêmes. A savoir le côté « Auberge Espagnole » où chacun amène un petit quelque chose pour faire avancer les choses.

Donc sans logiciel libre, pas d'internet. Pas d'internet, pas de logiciel libre. Évident !
Car si le logiciel BIND9 n'avait pas été libre et ouvert, internet ne serait jamais né. Pareil si l'on supprime internet et donc l'envoi de mail qui a permis l'échange de code-source entre développeurs, les logiciels libres auraient beaucoup moins bien fonctionné.
Les deux sont donc intimement liés. Ce sont deux facettes du même objet qui pourrait sans doute porter le nom de « Société (ou Économie) du Savoir ».

Ses modèles Techniques

reseau_centreEn France dans les années 90, le réseau télé-informatique usuel est le minitel ainsi que d'autres pays fonctionnent avec un réseau semblable. En fait, tous les réseaux avant internet étaient des réseaux CENTRÉS.
C'est-à-dire avec « l'intelligence » au centre (comme la base de donnée, la puissance de calcul, les informations) avec tous les terminaux de consultation extrêmement passif autour. Cela donne des réseaux qui grandissent pas bien car au delà que quelques milliers d'utilisateurs, ça ne fonctionne plus vraiment comme il faut. C'est typiquement un réseau en étoile, tout comme l'était le minitel quand vous alliez chercher les horaires de train sur 3615 SNCF.

reseau_acentreAvec internet, c'est une toute autre histoire. C'est plutôt comme une toile qui n'aurait donc aucun centre, un ensemble de machine qui sont toutes à la fois client et serveur. Cela donne un réseau de type maillé qui n'a donc plus rien à voir avec une étoile car il n'y a pas un seul nœud d'échange mondial du trafic internet dont tout le reste ne serait que des ramifications.
On pourrait d'ailleurs rayer l’Amérique du nord de la carte, internet continuerait de fonctionner (oui car s'il y avait un centre il serait à priori là-bas). Internet a permis de mettre l'intelligence en périphérie du réseau et les routeurs idiots au centre. C'est l'exact contraire du minitel et c'est en cela qu'il a apporté une grande révolution car des réseaux télé-informatiques centrés ont en fait depuis environ les années 50.

On peut maintenant se poser la question : Comment cela a-t-il évolué de nos jours ? Pour s'en rendre compte, on peut prendre différents exemple qui pourrait parfaitement l'illustrer :

La vidéo à la demande (VoD) par exemple. Oui, comme celle de chez Free ou Orange sur la télé ! Si on regarde bien, c'est un serveur central qui détient toutes les vidéos dans lequel on navigue via la machin-box reliée à la TV.
Vous je sais pas vous mais pour moi, ça, c'est du minitel. Il est en couleur et en HD numérique, mais cela reste du minitel, d'ailleurs on y paye à la minute comme sur 3615 « machin ».

Prenons un autre exemple, comme le courrier électronique. Au début d'internet cela à toujours été « le login de l'utilisateur » @ « le nom de la machine ».
Du coup, le type qui a comme adresse mail j.dupont@orange.fr je suis quasiment certain que sa machine ne s'appelle pas orange.fr. D'ailleurs le mec qui a la main sur la machine « orange.fr » possède du coup des millions d'adresses mails dessus et je suis prêt à parier qu'elle ne sont pas toutes à lui personnellement !
Vous en conviendrez qu'avoir mis des millions de boîtes aux lettres sur le même domaine, sur la même machine, c'est avoir mis tout le contenu au centre.
VOTRE correspondance. À VOUS. Au centre. Ça c'est 3615 ULLA, allez, peut-être en moins X.

Enchaînons avec un grand classique : Dailymotion.
La première fois que je l'ai vu je me suis dit que c'était marrant comme tout. On pose des vidéos, les gens regardent, c'est rigolo. Mais 30 secondes plus tard je me suis rendu compte que c'était un peu con, car en fait je voulais la mettre sur mon pc, moi, la vidéo ! Juste pas assez de bande passante en upload pour le faire (avec l'aDSL on vous empêche techniquement de le faire) mais votre contenu (comme le baptême de votre filleul) n'a rien à foutre chez eux !
Il est entre autre chose très intéressant niveau économique celui-là mais on le verra par la suite.

Aller, un petit dernier pour la route. Google / Yahoo / Bing sont a peu de chose près les 3 moteurs qui font le plus gros de la recherche et de l'indexation sur la toile.
À l'époque du minitel, au lieu de taper 3615 puis le nom du service, vous alliez dans la section « recherche » juste en dessous en tapant des mots-clés et FT vous sortait les services auxquels vous pouviez vous connecter. Maintenant ça s'appelle Google. Ils font la même chose, en couleur avec de la pub sur le côté, mais cela ressemble très fortement au moteur de recherche du minitel d’antan.
Internet ce n'est pas les 8000 machines de Google qui détiennent le savoir de l'humanité, internet c'est l'exacte contraire !

Au final, côté réseau sur la technique, ce n'est pas de l'internet.
Ce que vous utilisez couramment est en fait du minitel.

Son modèle Économique

economyOn s'aperçoit que le mode de facturation à changé. En effet depuis la téléphonie, il fonctionnait avec un abonnement. Pour avoir un accès au réseau, vous deviez y être abonné.
Cela est relativement classique, on arrive à le justifier en prétextant que c'est pour payer l'infrastructure car comme quelqu'un est venu un jour agrafer un fil de cuivre sur la façade de votre maison pour vous donner du téléphone, vous allez devoir le lui payer pendant 80 ans (le cuivre est cher, certes, mais pas tant).

Il y avait aussi le jeu de la « demi-terminaison » (ce n'est probablement pas le terme exacte). Les gens de la téléphonie connaissent ça par cœur !
Bon, ce n'était pas valable quand on téléphonait à son voisin et que l'on passait tous les deux par FT mais plutôt lors des appels internationaux, genre j'appelle un ami qui est en Espagne. C'est ici que FT et son homologue espagnol vont se facturer ces fameuses « demi-terminaisons ». Je vais donc payer une partie du coût et mon ami aussi, chacun des opérateurs facturant la moitié du transport.
Ici, il est important de comprendre que l'on paye aux deux bouts, c'est un modèle relativement particulier dans le sens ou moi je paye la communication et mon ami paye l'abonnement pour que je puisse l'appeler (c'est con dit comme ça mais cela va me servir lors de prochaines analogies).
L'exemple est encore plus flagrant avec la téléphonie mobile. Quand vous appelez à l'étranger, les opérateurs s'amusent à se facturer une multitudes de moitié d'appel, cette quantité de « demi-appels » va générer beaucoup de sous artificiels car vu qu'ils s'entre-factures, c'est donc de l'argent qui s'annule.

Le mode de facturation sur internet entre opérateurs est assez différent. En général sur internet il n'y a pas d'abonnement, il y a des frais de construction. Ça a coûté 400€ de tirer le câble pour amener le réseau, donc on paye 400€ de frais de construction. C'est assez classique mais malgré tout, ce n'est pas un abonnement.
Ensuite vient la facturation au débit (ou au volume ce qui revient au même). Au début d'internet, quand on commandait une ligne de 32 Kb, ça coûtait moitié moins cher qu'une connexion de 64 Kb et ça paraissait normal. On ne payait pas un abonnement au réseau en tant que tel mais plutôt un débit garanti dessus. Ce mode de facturation au volume est resté entre les opérateurs dans le sens où, si le contrat est de 100Mb et qu'ils en ont consommé que 30, ils payent juste les 30Mb. S'ils en ont consommé 0, ils ne payent rien.
Bien évidemment ce mode de facturation est particulièrement injuste car la négociation du prix du contrat entre un très gros opérateur (tendance inter-continentale) et le nain de jardin (genre l'opérateur local de votre bled) elle est vite vue : c'est le prix qu'il veut, vu que de toute manière il n'y a pas beaucoup de concurrence.
Pour vous donner une petite idée, pour les biens de consommation courante, entre le prix de gros de sortie d'usine et le prix de détail chez le marchant a bout de votre rue, le facteur est de 10 voir 15. Sur internet dans le prix de la bande passante entre le prix d'échange de bande passante entre gros opérateurs internationaux et le prix de vente au détail chez les petits opérateurs, il y a un facteur de 35, 40 voir 50.

Il y a un autre modèle économique qui a beaucoup émergé ces dernières années qui est la publicité-publication.
Si Mr France2 veut être proprement diffusé, il paye les opérateurs réseau pour avoir un droit de publication. Ce qui a donné lieu à des situations comme en 2007 où Free demandait à Dailymotion du pognon pour transporter sa merde son contenu, par exemple. Il n'y avait pas ça d'habitude sur internet, c'est assez récent.
Puis il y a la publicité. Comme vous êtes des gens très partageur, vous avez vos vidéos persos (aguichantes ou non) hébergé sur Dailymotion (histoire que tout le monde en profite). Curieusement, les reversements publicitaires qu'il perçoit, vous, vous ne les percevez pas. En fait vous leurs confiez VOTRE contenu pour qu'ils y gagnent LEUR publicité, ce qui fait qu'avec ce mode de fonctionnement, on se retrouve à payer aux deux bouts car celui qui a du contenu paye pour être diffusé et celui qui vient regarder le contenu, il paye sous forme publicitaire. On est bien revenu au modèle du téléphone, même si les minutes de communication sont devenues des secondes d'espaces publicitaires.

Dans tout ça, quel est le mode de facturation que vous connaissez actuellement ?
En général vous payez une trentaine d'euros par mois (les autres se sont alignés sur ce tarif) pour un abonnement, comme pour le téléphone. Il reste bien la facturation au volume mais elle n'existe que dans les facturations entre opérateurs car il faut bien bien des gens qui soient des nœuds du réseau et soient sur internet (le « vrai »).
Nous en revanche, nous avons une machin-box.

Ses Acteurs

Prenons le monde de la téléphonie et de la télévision payante. Alors pourquoi la TV payante (comme le câble ou le satellite) en exemple ? Car on retrouve des modèles économiques qui sont très centrés (contenu intelligent au centre diffusé sur des terminaux relativement bêtes).

On y retrouve des monopôles locaux, typiquement la boîte qui a construit le réseau cuivré d'une région (comme la France qui est un petit département d'Europe) a un monopôle local.
Ce sont des modèles à connexions restreintes. Dans le monde de la téléphonie, n'importe quel opérateur ne vient pas s'interconnecter à n'importe quel autre car si je monte mon petit opérateur dans mon jardin avec mes potes, on pourra se téléphoner entre-nous mais le droit de s’interconnecter d'égal à égal avec les autres opérateurs de téléphonie est très restreint (il faudra certainement négocier longuement).

On retrouve aussi le modèle éditeur / diffuseur. Le modèle classique de la TV payante avec les éditeurs, qui font les contenus (parfois même intelligent !) et les diffuseurs qui diffusent le contenu. Il y a là aussi un paiement au deux bouts (Par la chaîne de TV qui paye pour être diffusée et par l'abonné qui paye pour recevoir).
S'instaure aussi un jeu d'exclusivité. Quand un opérateur téléphonique passe par un autre en général le lien est unique, il est rare qu'il soit connecté à plus d'un autre opérateur pour router les appels. Même chose dans le monde de la TV il y a toujours des accords d'exclusivité. Le modèle standard classique de la téléphonie c'est que l'opérateur soit l'intermédiaire de facturation..
Même dans les années 80, quand vous appeliez votre copain à Madrid vous ne receviez pas de facture téléphonique de Telefónica mais juste celle de France Télécom. Pareil sur le minitel quand vous vous connectiez à 3615 machin pour aller consulter des services passionnant (comme réserver un billet de train) vous ne receviez pas de facture de Mr 3615 machin.

Si on regarde comment ça marche sur internet, c'est très différent, dû moins sur l'internet tel qu'il était voulu au départ car à la place du monopôle local on a une certaine pluralité. Lors de l'ouverture de la concurrence et des marchés il y avait encore 5 ou 6 opérateurs sur le secteur parisien. Les inters-connexions entre opérateurs étaient systématiquement multiples, le standard étant plutôt une ou deux DOUZAINES d'autres opérateurs via des liens de transite et des liens de peering.

En temps normal, l'opérateur se comporte comme un transporteur de la même manière que quand vous commandez un paquet chez un commerçant (même pas forcément depuis internet, avec les « 3 redoutes » pour acheter des chaussettes ça marche aussi), vous payez le marchant et c'est lui qui s'occupe de régler le transport pour vous faire parvenir votre colis.
Ça c'est à peu près le modèle d'internet. Mon FAI transporte mes données c'est tout, il ne regarde pas ce qu'il y a dedans c'est pas son travail. Donc qu'il sache que le contenu vient d'un site payant ou gratuit n'est pas nécessaire, il transporte de manière neutre. Le modèle de facturation est donc direct. Quand vous achetez un produit sur internet comme un bouquin sur Amazon ou un abonnement sur un site porno, vous ne payez rien à votre opérateur (qui du coup n'est pas au courant, plus discret) mais juste au commerçant.

Qu'en est-il des opérateurs à l'heure actuelle ? Regardons un peu :

Orange (qui est le nom moderne de France Télécom). Inter-connexion avec eux : RÊVE ! On envisage même pas les connexions multiples. Pour transporter votre trafic vers Orange, en gros vous finirez pas le leur payer.
Free même punition : Ce n'est même plus vraiment un opérateur internet, il bascule tout doucement, mais sûrement, vers opérateur minitel. Il y a quelques années, l'idée tenue de faire payer Dailymotion pour le transporter les auraient fait bondir. Quand ils étaient encore petit ça leur auraient fait peur car ça aurait pût les empêcher de grandir.
SFR (la filiale de NEUF-Cegetel (qui en est le plus gros actionnaire)) même chose, c'est plus un opérateur de téléphonie qui vend du net avec du vrai minitel dessus.
Numéricâble ne déroge pas à la règle, mais eux font plus de la TV. Sinon c'est à peu près le même modèle très classique que tout à l'heure (payement aux deux bouts, réseau centré, etc..).

Question : Qui est encore opérateur internet là-dedans ?
Réponse : Pas grand monde. Entre ceux qui sont mort et les autres qui se sont fait racheter, vraiment plus grand monde…

Son côté Juridique

Bon attention, on attaque un bon gros morceau, il est donc temps d'aller vous chercher un petit remontant.

justice hammerOn n'a pas basculé du modèle internet qui commençais à émerger au début des années 90 au modèle minitel qui lui a émergé aux US au début des années 2000 complètement par hasard, il a fallu plusieurs étapes pour en venir là. Par ailleurs les exemples qui vont suivre vont plutôt se porter sur les effets franco-européens mais le modèle s’étend assez bien à d'autres pays.

Les DRM. Les lois DADVSI, HADOPI, ACTA (et plein d'autres) voulaient arriver à mettre des menottes numériques sur les fichiers qui transitent par la toile (entre beaucoup d'autres choses ignobles).
Seulement, créer des DRM c'est créer de l'exclusivité. C'est un morceau qui leur manquait sur internet car on ne pouvait pas créer de l'accès exclusif de manière simple, donc en mettant des DRM dans tous les fichiers, l'opérateur pourra (ou pas) faire circuler les fichiers étant signés par untel ou un autre.

Les brevets quand à eux créent de la fermeture. Comme dit précédemment, internet et les logiciels libres sont fortement liés. Donc à partir du moment ou je met des brevets, je ferme le jeu car si c'est breveté, personne d'autre n'aura le droit de le refaire pour venir s’interconnecter avec le même système que moi.

Les filtrages. Régulièrement demandé par les différents gouvernements, on pourrait croire que s'apparente à de la censure fasciste. Bon, il y en a sans doute un petit peu comme quand par exemple les RG demandent en douce à un opérateur de filtrer un gars, ça pourrait ne pas être parce qu'il est terroriste mais plutôt parce qu'il donne un peu trop son avis (disons que ça c'est déjà vu).

Mais ça à un effet de bord très amusant ! Une fois que les opérateurs ont mit dans leur réseau des boîtiers qui sont capable de filtrer (technologie du DPI) il ne filtrera au final que ce que l'adminsys de la boîte aura configuré. C'est à dire tout ce que le gouvernement lui demandera de filtrer (parce qu'il est plutôt obéissant et qu'il veut pas aller en taule), puis ce que ses patrons vont lui demander de filtrer à titre commercial.
Le filtrage qui est effectué par le gouvernement est certainement pour des raisons probable de sécurité publique (enfin on l'espère) mais il permet également de rétablir le modèle économique des demie-connexions dans la course. C'est-à-dire « je filtre les sites nazis ET les sites qui n'ont pas payé ».

Un petit exemple de ce que ça donne : En France il y a de plus en plus de réseau ou le P2P est filtré. Alors pas complètement sinon ça ce voit, mais juste un peu pour que ça fasse chier, du genre si vous allez regarder la vidéo sur le site web de diffusion qui a payé des sous parce qu'on le lui a demandé, c'est fluide, ça passe niquel. Si vous essayez de télécharger la dernière version de la distribution Debian en P2P là étrangement, ça rame, pourtant c'est le même réseau qui repasse par les mêmes endroits (généralement par Paris, n'oubliez pas ils font du minitel).
Cette pratique à déjà commencé pour justement, facturer les demie-connexions.

Il y a aussi la responsabilité des hébergeurs. Un hébergeur serait donc responsable de ce qu'il y a sur un site et si on lui signale un contenu supposément illégale il se doit de le retirer avec diligence.
En gros ça veut dire que si je prend le « risque » de permettre à quelqu'un d'héberger son site web sur ma machine et qu'il dit de la merde (comme un dissident qui disside à un endroit où il n'a pas le droit de dissider), c'est moi qui irait en taule ?
Un géant comme Orange peut l'assumer car s'il y a un procès ils diront que « eux l'on retiré sans même vérifier si c'était vrai, qu'ils ont de quoi le prouver » et payeront leur armée d'avocat pour faire ça sans dégât. La pauvre PME de banlieue qui essaye de faire pareille – car au final ce dissident racontait des trucs qu'en France on a le droit, ils ont alors estimé qu'ils n'avaient pas à supprimer le site – donc ça va jusqu'au procès où le fait de payer un seul avocat coûtent un œil à la boîte.
Cette responsabilité tant à fragiliser particulièrement les petits hébergeurs. Ils auront du mal à se développer car s'ils existent, ça sera en vivant dangereusement. Cela créer artificiellement du réseau centré car si les petits peinent à exister il ne restera que les gros.

La régulation est quelque chose qui est aussi fabuleux ! Quand on parle de régulation dans le monde de l'internet professionnel on parle de l'ARCEP (anciennement Autorité de Régulation des Télécommunications). Ce sont des gens ont été mis en place après certaines directives européennes quand on a ouvert le marché des télécoms à la concurrence.
Pendant l'une des réunions de l'ARCEP sur les RIP, un responsable du dégroupage en France expliqua (mort de rire) qu'il y a 10 ans, pour faire les premières réunions il fallait une salle gigantesque pour accueillir les 50 opérateurs alors qu'aujourd'hui ils font ça dans son bureau parce qu'ils n'étaient plus que 4, le tout en ayant l'air fier. Ce qui veut dire que cet homme à été mis en place pour ouvrir le marché, il est passé de 50 acteurs à 4 .. et il est content. Fabuleux !
Donc à ce petit jeu on se trouver à 4 gros opérateurs qui vendent du minitel-net 2.0, ce qui leurs donne une très bonne position pour envoyer chier tout les autres.

Mais c'est sans compter sur les problèmes de gouvernance. Qui sont-ils ? Ce sont tous ces braves gens qui ne se réunissent qu'entre-eux pour décider par exemple de si oui ou non les gens peuvent acheter des noms de domaines sans leurs papiers, ou si on va distribuer des adresses IP aux pas gentils, ou comment faire pour que les pédo-nazis ne puissent pas faire si ou ça, voir même que les terroristes ne puissent pas poster de message (donc comment Google va filtrer tous les sites en arabe parce que ça à l'air suspect, sauf ceux bien évidement qui sont signé par le gouvernement qui vend du pétrole).
Tout ça représente la gouvernance d'internet qui comprend l'ICAN, l'IANA, le RIPE, etc. C'est en fait une assurance. Une fois que c'est convenablement tenu par les quelques juristes des très gros opérateurs. Car il n'y a visiblement pas de technicien à poil dur dans les instances de gouvernance mis à part les quelques vieux barbus qui parlent BGP qui s'occupent de la partie vraiment technique mais tout le reste c'est du cravateux, juriste, docteur en droit envoyé par les opérateurs pour vérifier que tout va bien.
C'est donc une assurance pour qu'ils soient certains de rester dans la position où ils sont.

Comment on en est arrivé là ? Quand on y pense c'est assez simple, ça sort schématiquement de l'histoire.
Les gens qui ont de quoi fabriquer du réseau sont ceux qui ont fabriqué le téléphone et qui étaient en situation de monopôle ainsi que les mêmes gens qui ont fabriqué la diffusion télé qui étaient eux aussi en situation de monopôle.
Internet est né à un moment ou ils se sont dit « Tiens ça va ce vendre », alors ils en ont vendu…
En s'éloignant de la théorie du complot, il est probable qu'ils n'aient pas été aussi malin pour faire exprès d'attaquer sur tous les fronts en même temps afin de faire taire les petits opérateurs. Il est d'ailleurs peu probable qu'ils se soient tous concerté pour faire la même connerie. Mais même si ce n'est pas fait exprès, ils sont quand même en train « d'éteindre » internet.
Il faut savoir qu'internet remettait en cause leur monopôles et ils ont chacun – à leurs échelles – fait les petites actions dont ils avaient besoin pour leurs permettre de le garder. Comme les auteurs de musique avec des DRM, les vendeurs de logiciels propriétaires tout pourri avec des brevets, les vendeurs de contenus qui ne veulent pas que vous regardiez celui des autres en appliquant des filtrages, etc ..

Quand ils vous disent que l'on passe à l'air du numérique c'est vrai, ils en font. Si vous regardez bien, avant sur la télé il y avait de la neige maintenant tout pixelise, c'est bien qu'il y a du numérique là-dedans ! Mais c'est pas de l'internet.

En conclusion

minitelJ'espère que vous êtes convaincu qu'en ce moment, vous mangez beaucoup de minitel et pas beaucoup d'internet. Qu'est-ce-qu'il faut en conclure ? D'abord, vive le minitel 2.0 !

← Ce qu'on est en train de manger ! C'est ça avec un écran plus grand et en HD

Pour les anciens du réseau, MSN avant d'être un moteur de recherche, c'était Bill Gates qui ne croyais pas en internet et qui voulais lancer son Micro$oft Network avec des contenus estampillé Micro$oft, vendu par Micro$oft avec des DRM Micro$oft sur des ordinateurs Micro$oft.
Ça y est, il est en train de le faire ! Une fois que tous les contenus en ligne contiendront des DRM et des brevets dedans, ce type-là aura acheté internet et il en aura fait MSN même si à l'époque de son lancement il avait échoué comme une merde, ce fût (entre-autre) l'un des ses plus grand flop commercial.

Dans les associations qui luttent pour ces droit, il n'y a qu'une demi-douzaine d'acteurs, rencontrant en général un écho de silence assourdissant. Des groupes de gens qui s'intéressent de savoir comment faire pour que internet reste ou redevienne internet, pour faire un réseau libre, ça se compte sur les doigts de la main en France ! Pourtant, il y a un vrai danger . Donc si ces lignes ont pu en réveiller un(e) ou deux, ça ne sera pas une perte de temps de les avoir écrites.

Bon, pour terminer sur une note positive : Ils sont en train de nous enfler, ça fait pas un pli.
Par contre je sais qu'on va gagner. Aussi évident que l'imprimerie allait aboutir sur la Liberté de la Presse.
Toute la question est de savoir de combien de temps ils vont le retarder ! Avec l'imprimerie, on avait l'Église, les moines copistes (à qui ont piquait quand même leur business), les dirigeants (qui n'avaient pas vraiment envie que l'on parle de ce qu'ils font) qui ont réussi à retarder sa mise en place de quelques siècles.
Là on est sur le même jeu : Les moines copistes de DVD (qui veulent pas qu'on leurs pique leurs business), les dirigeants (qui aimeraient mieux qu'on ne puisse pas aller dissider sur internet à l'étrangé). Ils cherchent à éteindre le net exactement comme les autres avaient cherchés à éteindre l'imprimerie.
Alors sur l'imprimerie, on a gagné, dans à peu près un quart de la planète il y a la liberté de la presse. Sur internet c'est pareil on va gagner, le tout est de savoir si c'est demain ou dans 30 ans. D'ailleurs si vous vous réveillez, on aura plus de chance que si vous continuez à dormir.

Sachez toutefois que cet article n'est une version d'introduction de celui-ci si vous voulez en connaître d'avantage.

Questions Bonus

Pourquoi n'y a-t-il pas plus de gens en auto-hébergement ?
Au tout début de l'ADSL par exemple, les gens en venaient à s'auto-héberger car en général ils en avaient marre d'avoir du mail pourri avec un débit extrêmement lent ou on peut recevoir qu'un mail tronqué tous les quinze jours. Là ils se sont dit « Ils font chier, j'vais le faire chez moi, marchera mieux ».
Depuis que les faiseurs de minitel ont apprit à faire du mail plus volumineux, à stocker de la vidéo, bref, à lui vendre des services, le mec il trouve que c'est un peu barbant d'installer son petit serveur de news avec son serveur de mail à la maison, il trouve du coup que le webmail en web 2.0 avec du JAVA qui flash et clignote ça permet de lire son mail dans un cybercafé : C'est cool.
Pareil que le journaliste chinois qui avait son mail sur Yahoo et se disait « C'est cool ». Quand Yahoo l'a donné au gouvernement là il a du se dire « C'est con ».

Comment sauver internet ?
Le premier pilier – et là il y a par contre un gros travail – c'est l'éducation. Allez expliquer au gens ce que c'est internet ! Dites leur qu'internet ce n'est pas de mettre des vidéos marrantes sur Dailymotion, c'est de les mettre sur son pc et que les gens viennent les voir, car la différence est fondamentale.
Donc comme je viens de vous le dire, l'apprentissage est très long.
Comme le type qui publie son blog sur un ordinateur qu'il ne contrôle pas il fait du minitel. Il apprend à faire du minitel amélioré ou il peut parler certes mais il n'a pas encore apprit à faire du net. C'est-à-dire à mettre son blog sur une machine qu'il est le seul à pouvoir couper du réseau. C'est très différent.
Le second pilier c'est : « Faites votre propre réseau » (DIY). Faite votre propre réseau IRC et votre propre serveur de mail qui ne sont pas ceux des gros opérateurs. Avec ça vous aurez au moins plus de chance de savoir qui filtre votre réseau ! C'est de toute manière en faisant qu'on apprend.
Avec ces deux piliers là cela donnera une poche de résistance avec ceux qui font leur réseau et quelques enseignants pour propager la bonne parole. On peut aussi se battre sur le juridique mais ça serait comme utiliser des lances-pierres contre des chars d'assaut.

Cet article retranscrit l'excellente conférence de Benjamin Bayart faite à ce sujet